Je fais un métier qui exige une bonne maîtrise de la langue française, mais je ne suis pas un grand lecteur pour autant. Ou plutôt, je ne suis pas un grand lecteur de livres, notamment de romans et d’essais. J’ai lu des milliers de BD, des dizaines de milliers de magazines et encore plus de pages web, des ouvrages pratiques et des documentaires, mais peu de romans. Ca ne m’a jamais vraiment attiré, et je dois dire que les lectures imposées au collège et au lycée ont achever de me dissuader – à tort, évidemment. A part le Rouge et le Noir, je ne garde pas de souvenir littéraire transcendant de mes années scolaires…
Reste que j’ai tout de même lu quelques romans, que certains d’entre eux m’ont plu, d’autre ont réussi à me fasciner au point de me pousser à les lire plusieurs fois, et quelqu’uns m’ont amené à parcourir les autres livres de de leur auteur – c’est le cas par exemple pour John Irving et Umberto Eco. J’aimerais ainsi partager avec vous ces ouvrages qui sont, pour la plupart, variés, accessibles, faciles à lire et pragmatiques dans leurs récits. Je déteste l’emphase inutile, les circonvolutions et les histoires sans queue ni tête, et j’apprécie les écritures fluides et les termes choisis pour leur sens et leur pertinence, non pour étaler une culture savante et en éclabousser vulgairement et inutilement le lecteur.
En revanche, puisqu’ils sont d’après le titre de mon article destinés à celles et ceux qui n’aiment pas lire, ces livres pourraient se distinguer par un format court. Ce n’est pas toujours le cas. Désolé.
Cela étant dit, je ne fais preuve d’aucun sectarisme, et je considère que l’essentiel c’est de lire. La lecture affute l’esprit, enrichit le vocabulaire, fait réviser la grammaire et enrichit incontestablement la culture personnelle. Que ce soit une BD, un magazine, un journal, un roman de Marc Levy, un classique de la littérature française ou un essai de Friedrich Nitzsche (en fait, je vous déconseille, c’est un peu chaud à décrypter…), la lecture est bénéfique, à tout âge et en tout lieu.
Evidemment, n’hésitez pas à commenter cette sélection et, surtout, à donner vos idées de lectures dans les commentaires. En attendant, voici…
Les 10 livres que je conseillerais à ceux qui n’aiment pas lire
L’Hôtel New Hampshire (John Irving)
Indiscutablement, c’est mon roman préféré. L’histoire ordinaire d’une famille de personnages extraordinaires, les naissances, les décès, la vie dans plusieurs hôtels successifs (dont un à Vienne, en Autriche), les ours, l’humour mêlé à l’insolite, un chien pétomane, des moments tristes mais sans mélo inutile, et cette écriture typique d’Irving qui mêle fluidité, simplicité et précision. C’est un livre épais, mais qui se parcourt sans difficulté. J’ai du le lire quatre ou cinq fois, et je m’y replongerai un jour, bientôt, sûrement. Si vous aimez John Irving, je vous conseille tout autant « L’oeuvre de dieu, la part du diable » et « Le monde selon Garp ». Si je peux me le permettre, je vous déconseille en revanche ses plus récents romans, qui ont tendance à se perdre en longueurs et en détails – je n’ai pas réussi à finir les trois derniers… Mais d’autres les ont adorés, donc faites ce qui vous plaira !
Le guide du voyageur galactique (Douglas Adams)
« Le guide du voyageur galactique » est aussi connu sous le nom « H2G2 », et quatre romans suivent ce premier épisode. J’ai vu le film – que j’ai beaucoup apprécié – avant de lire le livre, mais ma lecture n’a pas été gâchée pour autant. Quel auteur ! Humour absurde, personnages délirants (un robot dépressif et paranoïaque, vous avez déjà vu ça ?), et un anti-héros en la personne d’Arthur Dent, britannique pur jus, pour mener l’histoire qui tourne autour de la destruction de la Terre par les Vogons – pour construire une autoroute hypergalactique, ce n’est pas rien. Par ailleurs, la réponse à « la grande question sur la vie, l’univers et le reste » se trouve dans ce livre, et nulle par ailleurs. Quelle réponse ? 42, évidemment.
Mon chien Stupide (John Fante)
Vous avez de la curiosité pour la misère humaine, les problèmes sociaux, les sombres histoires de famille et les univers grisâtres ? Alors bienvenue chez John Fante, maître du roman noir. J’ai lu ce livre, conseillé et prêté par un ancien collègue de boulot, et je l’ai tellement apprécié que j’ai parcouru de nombreux autres livres de l’auteur. Vous y découvrirez un mari et un père de famille en proie à des conflits et aussi, évidemment, ses relations avec un chien dont le prénom – Stupide, pour ceux qui ne suivent pas – cache si bien l’affection qu’il lui porte. Si vous avez aimé « Mon chien Stupide », je vous conseille de lire également « Demande à la poussière ».
Au bonheur des ogres (Daniel Pennac)
Et, ses trois suites « La fée carabine », « La petite marchande de prose » et « Monsieur Malaussène ». Encore l’histoire d’une famille atypique (décidément !). Benjamin Malaussène, le grand frère de la tribu, travaille dans un grand magasin et sert de bouc émissaire : quand un client est mécontent, c’est lui qui prend. Et puis un jour, boum, une bombe explose. La suite, vous l’aurez en lisant le livre ! J’ai lu cette série quand j’étais au collège, mais je pense que j’aurais toujours le même plaisir : l’écriture de Daniel Pennac est vivante, plaisante, cultivée, drôle, complice et jamais prétentieuse. Un régal.
Harry Potter (JK Rowling)
C’est la grande force de cette saga écrite par la britannique Joanne Rowling : que vous soyez pré-ado ou retraité (ou entre les deux), passionné de littérature ou libriophobe, amateur de fantastique ou féru de réalisme, Harry Potter aura toutes les chances de vous charmer. J’ai dévoré chacun des tomes et j’en garde un excellent souvenir. Les péripéties du jeune sorcier orphelin et de sa bande ont tous les ingrédients pour vous captiver, l’univers mêle magie et bestiaire légendaire et, si les derniers tomes deviennent plus graves, la série reste truffée d’humour. A mon avis (de non-expert), Harry Potter reste une valeur sûre pour convertir à la lecture des ados réfractaires. L’histoire de cette saga et de son auteur est connue de beaucoup, mais si elle vous a échappé, vous en trouverez un résumé satisfaisant sur la page Wikipédia consacrée à Joanne Rowling.
Exercices de style (Raymond Queneau)
Le titre de cet ouvrage est on ne peut plus explicite : il s’agit d’une même histoire, simple, brève et banale – celle d’un type qui prend le bus – mais qui est racontée de 99 manières différentes. Les styles sont variés, amusants, étonnants, parfois alambiqués, et ce livre a de nombreux atouts. Il se lit vite, facilement, et permet de mesurer l’importance du style dans l’écriture, même pour quelques lignes d’un texte sans importance. Il permet de réfléchir à l’importance de la forme, qui permet de mettre en valeur le fond et de l’adapter aux personnes qui seront amenées à lire vos écrits. Si vous appréciez Raymond Queneau, auteur de ces exercices de style, vous pourrez tenter de lire « Zazie dans le métro », qui est sûrement son ouvrage le plus célèbre et le plus apprécié.
Et les autres…
Avant de lire les vôtres, je me permets de vous suggérer encore quelques autres livres : Les Rêveries du promeneur solitaire, de Jean-Jacques Rousseau, des mémoires inachevées et publiées à titre posthume. Avec la première apparition francophone du terme romantique, ce qui n’est pas rien.
Autre proposition, La Maladie de Sachs, biographie romancée de la vie d’un médecin généraliste, écrite par Martin Winckler. Livre épais, mais facile à lire et bourré d’humanité.
Tous les ouvrages d’Alphonse Allais, ensuite. Si vous ne souhaitez pas dépenser un centime, sachez qu’ils sont disponibles sur la plupart des plateformes de téléchargement d’ebooks, ou en PDF un peu partout, puisque Alphonse Allais est mort en 1905, et ses livres sont donc libres de droits. Cet auteur manie l’humour absurde aussi bien que le verbe et, 150 ans après sa naissance, ses chroniques loufoques sont toujours aussi actuelles et (im)pertinentes !
Dans un genre aussi talentueux, quelques décennies plus tard est apparu Pierre Desproges, dont je vous recommande le Manuel de savoir-vivre à l’usage des rustres et des malpolis, ou encore le Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des biens nantis.
Et je ne saurais achever ce billet sans mentionner mon livre préféré, juste derrière l’Hôtel New Hampshire, mais c’est un livre moins facile à parcourir que tous les autres cités ici – sans même parler des quelques brefs passages en latin, heureusement pas indispensable à la compréhension de l’oeuvre – mais pas moins passionnant : Le Nom de la rose, d’Umberto Eco. Ce polar médiéval qui se déroule au coeur d’une abbaye est fascinant, et écrit avec un brio stupéfiant…
Bonne(s) lecture(s), n’hésitez pas à lister dans les commentaires les livres que vous conseillez – et à expliquer pourquoi – et à bientôt sur Le Curionaute !
Note : la photo qui illustre cet article a été prise par LubosHouska (licence CC0)