Imaginez un musée de l’internet, un site qui sauvegarde des pans entiers du web depuis plus de deux décennies : ça existe, et ça s’appelle tout simplement Internet Archive. Je vous en avais parlé dans un article consacré aux vieux jeux vidéo jouables en ligne, mais le site est avant tout une formidable machine à remonter dans le temps numérique. Vous pouvez entrer l’adresse de n’importe quel site dans le champ de recherche de la Wayback Machine, et Internet Archive affichera les différentes sauvegardes accessibles, et les dates correspondantes. Ça marche pours des millions de sites internet… Et même pour Le Curionaute !
J’ai utilisé internet pour la première fois en 1996, en arrivant à l’université. Le web était déjà bien développé – il succédait à Gopher, on parlait encore de « World Wide Web », et l’époque avait consacré des expressions désormais ringardes telles que « la toile » ou pire, « les autoroutes de l’information »… Google n’existait pas encore, les moteurs de recherche étaient aussi (voire surtout) des annuaires et s’appellaient Yahoo!, Excite, Lycos, Altavista…
On utilisait des modems 56k lents et bruyants au démarrage, les forfaits internet étaient limités et coûteux, Hotmail ou Caramail étaient un passage obligé pour nos premiers échanges d’emails, et nous avons été nombreux à utiliser Multimania pour héberger des sites perso bâclés, truffés de textures immondes en fond de page, et bidouillés sur une version piratée de Dreamweaver. Les artistes avaient une page sur MySpace, bien avant que Facebook, Instagram, Snapchat et consorts ne débarquent une décennie plus tard. Et il fallait attendre des heures pour télécharger (illégalement bien sûr) un album complet en MP3 avec Napster…
De biens beaux souvenirs, mais il suffit de consulter à nouveau les versions originelles de ces sites pour se rendre compte de deux choses : le web était très light à l’époque, une page d’accueil ne pesait que quelques ko et n’était pas saturée de pubs vidéos (mais les pops-ups étaient une vraie plaie !), et les interfaces étaient plutôt cheap : pas de responsive design, pas de CSS, pas de javascript, plein de html et des cadres dans tous les sens. Et des GIFs animés (déjà !), notamment pour placer de beaux « page en construction » sur les 3/4 des pages de son site.
Internet Archive a stocké dans ses serveurs plusieurs centaines de milliards de pages web, et je vous conseille la lecture de la page Wikipédia consacrée à Internet Archive pour en apprendre plus sur cette initiative très pertinente, qui sera très appréciée des historiens du net ! Voici une petite rétrospective des sites internet français et étrangers les plus connus tels qu’ils étaient voici dix à vingt ans (ou presque). Attention, grosse baffe nostalgique en perspective !
Les principaux sites internet entre 1999 et 2007
Yahoo France en 1999
Google France en 2001
Fnac.com en 2002
Lycos.fr en 1999
Altavista en 2000
Amazon en 2004
Twitter.com en 2007
Youtube en juin 2007
Et si ça ne vous suffit pas, vous pouvez aussi vous rendre sur la page du tout premier site web de l’histoire d’internet, qui a été recréée sur le site du Cern. Attention, c’est (très) sobre, pour ne pas dire franchement austère. A découvrir en cliquant ici.
Je vous invite également à (re)lire cet article consacré aux secrets des sites internet, ainsi que mes quelques conseils si vous décidez de laisser vos enfants utiliser ce merveilleux outil contemporain, mais qui recèle aussi de nombreux pièges et dangers pour les plus jeunes.
Cadeau bonus en guise de conclusion, cette vidéo issue des archives de l’INA : c’est un reportage de 1995 issu du journal télévisé d’Antenne 2 (ancien nom de France 2), et consacré aux « autoroutes de l’information » :
A bientôt sur le Curionaute !
(Note : l’illustration principale de cet article est issue de Pixabay / Licence CC0)