(Mise à jour du 10 février 2016 : je viens de publier un article sur le langage des jeunes en 2016 avec 60 nouveaux mots. Il complète ainsi l’article ci-dessous)
(Mise à jour du 4 février 2017 : j’ai publié un troisième article sur le langage des jeunes en 2017, avec 40 termes supplémentaires)
Vous côtoyez des jeunes de moins de 25 ans ou, pire, vous en avez à la maison ? Osez me dire que vous comprenez tous leurs propos… Leurs troubles restent parfois discrets à l’oral mais ils deviennent manifestes dès lors qu’il s’agit de rédiger un texto ou, pire, un commentaire sur un réseau social. Vous voulez comprendre leur langage : voici un guide de décryptage ! Certains termes traversent les âges de l’argot et du langage parlé, vous les avez peut-être utilisés vous-mêmes, mais beaucoup sont de délicats néologismes pleins de poésie souvent nés lors de la dernière décennie…
Comprendre le langage des jeunes, tavu :
Cette liste est très clairement non exhaustive, n’hésitez pas à la compléter en utilisant les commentaires en bas de page… Je vous conseille également de consulter deux sites très bien réalisés sur le sujet, le Dictionnaire urbain, et Dico 2 rue.
Vous noterez que les phrases d’exemple sont un peu caricaturales, ce qui permet d’accentuer le côté incompréhensible de certaines expressions, même si peu de jeunes parlent finalement de façon aussi exagérée. Cela dit, j’ai aussi déjà lu pire sur certains forums et réseaux sociaux…
Abusé : signe d’agacement intensif.
Exemple : « C’est trop abusé la prof elle m’a collé » = « Je suis profondément déçu par l’intransigeance du corps enseignant »
Avoir le seum : être très déçu, et en colère, et déprimé.
Exemple : « J’ai trop le seum, la batterie de mon phone est vide »
Askip : à ce qu’il paraît.
Exemple : « Askip t’as encore séché les cours ? »
Azy : « vas-y ».
Exemple : « Azy bouge » = « Auriez-vous l’aimable obligeance de libérer la place ? »
Bader : déprimer.
Exemple : « Ma PS4 est en panne, ça m’fait bader »
Bestah (ou besta) : meilleure amie (remplace BFF, passé de mode, qui signifiait « Best Friend Forever »)
Exemple : « Ségo c’est ma bestah, si tu fais ton boloss avec elle je vais te victimiser ! »
BG : beau gosse.
Exemple : « Tu fais ton BG mais en vrai t’es un boloss ! »
Bim : interjection contemporaine pour signifier « prends toujours ça ».
Exemple : « Nan j’t’invite pas, et bim ! »
Boloss, parfois écrit Bolosse : bouffon, naze.
Exemple : « ce type c’est trop un boloss, il a même pas de smartphone »
Cassos : cas social. Utilisé dans les mêmes circonstances que boloss. A quand même vieilli…
Crari : genre. Dans le sens « faire crari » pour « faire genre ».
Exemple « Paul il fait crari mais en vrai il a trop le seum »
Dar : bien. Marche aussi avec « frais », ou « stylé ».
Exemple : « On est à Disneyland c’est trop dar ! »
Des barres : c’est drôle.
Exemple : « Au spectacle avec mes soces, on s’est tapé des barres »
GG : bien joué. Vient de l’anglais « good game », utilisé à la base par les gamers (les joueurs de jeux vidéo, donc) pour féliciter l’adversaire à la fin d’une partie.
Exemple : « T’as piqué un dessert à la cantoche ? GG ! »
Haters, et sa variante haterz : mot anglais pour désigner ceux qui n’aiment rien. Les haineux, quoi. Très présents sur internet et les réseaux sociaux.
Exemple : « Regarde tous ces haterz qui se défoulent dans les commentaires sous le dernier podcast Youtube de Cyprien ! »
iench : chien. Rarement utilisé pour son sens premier mais plutôt dans l’expression « être en iench », qui signifie être en manque – quelque soit l’objet du manque.
Exemple : « Il a essayé de pécho ma meuf, il est trop en iench ce boloss ».
J’avoue : je suis d’accord avec toi. Attention, n’implique donc pas nécessairement la reconnaissance d’un crime.
Exemple : « C’est vrai qu’elle claque la nouvelle 3DS, j’avoue ».
OKLM : au calme. Expression créée par le rappeur Booba.
Exemple : « On s’est ambiancés au bar avant d’aller au parc pour se posey, OKLM »
OMG, la version longue Oh my god et même parfois (si, si) omagad : oh, mon dieu !
Exemple : « Omagad, le nouvel iPhone coûte 1000 euros ! »
Posey : être posé, bien installé.
Exemple : « azy chuis avec mes soces à la piscine, posey »
Soce ou soss : pote. Vient de « associé ».
Exemple : « Au Quick avec mes soces, c’est dar »
Staïve : c’est ta vie = En gros, je m’en fous complètement de ce que tu me raconte.
Surkiffer : kiffer, mais en mieux. Remplace en fait le verbe kiffer, devenu un terme utilisé par les vieux ringards de plus de 30 ans.
Swag (ou Swagg) : chouette, branché. Victime d’une sur-utilisation, le terme est tombé en désuétude. Remplacé depuis par « soin » (par ex. « ces bottes elles sont trop soin »)
Exemple : « Stylé ton polo ! Il est trop swag ! »
TMTC : abréviation de « toi même tu sais ».
Tkt : « T’inquiète »
Trop pas : pas du tout
Exemple : « J’ai trop pas envie d’aller en maths, je voudrais être dans mon lit, posey »
Victimiser : action de faire de quelqu’un sa victime et le maltraiter, ou l’humilier. Le verbe est en fait très ancien, mais il n’était plus utilisé. Rendons grâce aux jeunes érudits d’avoir su faire ressurgir des entrailles de la langue Française ce verbe empli de charme.
Exemple : « C’bâtard il m’a péta mon phone, j’vais grave le victimiser »
WTF, « What ze phoque » et leurs variantes plus ou moins fantaisistes, transcriptions de l’anglais « What the fuck » : c’est quoi ce bordel ?
Exemple : « Quoi ? J’ai eu 2 sur 20 en histoire-géo ! Mais what ze fuck ? »
YOLO : On n’a qu’une vie (vient de l’anglais « you only live once »). Egalement tombé en désuétude du fait d’une utilisation trop massive, notamment sur internet. Permettait de justifier les pires débilités.
Exemple : « Téma gros, je vais sauter dans la piscine depuis le balcon du 3ème étage, YOLO ! »
Vous en avez d’autre en tête ? N’hésitez pas à les partager ci-dessous !
NOTE : la photo utilisée pour illustrer cet article est intitulée « Post-it ! », elle a été réalisée par Amaury Henderick (licence Creative Commons 2.0)